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Dimitri de Kochko décoré de la Médaille de l'Ordre de l'Amitié


Dimitri de Kochko
Mardi 21 juin 2016 s'est tenue une réception à la résidence d’ Alexandre Orlov, l’Ambassadeur de Russie en France, en l’honneur de Dimitri de Kochko, pour lui remettre, au nom du Président Vladimir Poutine, la décoration de l’Ordre de l’Amitié, la plus haute décoration attribuée à une personnalité étrangère à la Russie.

Dimitri de Kochko est journaliste, Président de France Oural, co-fondateur de l’union des russophones de France, co-fondateur en 2004, avec Irène Commeau, et Henri Paul Falavigna de l’ association “Solidarité enfants de Beslan”,

Les 150 invités ont longuement applaudi la remise de décoration et le discours de félicitations de son Excellence Alexandre Orlov. Puis Dimitri de Kochko a prononcé l’intervention ci-dessous dont nous recommandons une lecture attentive :

Merci Monsieur l'Ambassadeur.

Merci à vous tous d'être venus si nombreux. J'y suis très sensible.

Je suis conscient de l'honneur qui m'est fait en m'octroyant cette décoration qui est la plus haute distinction russe pour un étranger. Je remercie la Russie pour cette reconnaissance d'amitié.


Dimitri de Kochko
Bien sûr, mon cas, comme descendant en troisième génération de mes ancêtres chassés de Russie et accueillis en France – reconnaissance éternelle -, est un peu particulier. Les gens comme moi – on est plusieurs ici – sont perçus comme Russes par les Français et Français par les Russes. Nous-mêmes, nous nous ressentons russes avec les Russes et français avec les Français. C'est donc comme Français que je reçois aujourd'hui cette décoration russe.

Je suis particulièrement content de cette reconnaissance car je la partage en fait et de bon coeur avec tous ceux qui avec moi oeuvrent depuis plus de vingt-cinq ans à l'amitié entre la France et la Russie, au niveau de ce qu'on a coutume d'appeler «la diplomatie populaire de terrain». Par le biais des associations qu'on a créées et activées ensemble.

Et d'abord France-Oural , avec  Gregori Nekritch et le regretté Andronik Kholian, à l'origine de toute l'aventure.
Serguei Skopinov et André Bril avec lesquels nous avons fait pendant cinq ans les Lettres d'Oural.
Christine Mestre, qui dirige avec brio le Prix russophonie depuis maintenant dix ans et qui m'a présenté Alexandre Zinoviev, à qui je dois une véritable compréhension du fonctionnement de nos sociétés.
Christine Caillon, Alexandre et Ines Keltchewski avec qui nous faisons dans le franco-russe depuis les bancs de l'université avec en mémoire Nicolas Lazarewitch qui nous a transmis toute la subtilité du mot russe odnako, en matière de presse.
Et toutes celles et ceux qui sont ou ont été membres de France-Oural ou ses salariés, comme Karine Delmont ou aujourd'hui Christine Glachant et Youlia Bushnina.

La Russie pour moi, c'est aussi la russophonie. Pour la Russie, un impératif linguistique et culturel qui exige un partage d'un morceau de son identité et dont il lui reste à prendre conscience. Mais pour nous, francophones, un allié indispensable pour préserver dans le monde dit «globalisé» d'aujourd'hui, une diversité – peut-on dire une biodiversité pour mieux se faire comprendre - linguistique, et donc d'acquit intellectuel qui concerne autant le français que le russe, car tout le monde ne peut uniquement parler et penser dans la langue des aéroports. Encore une raison d'être amis.
Et là aussi je partage la médaille avec mes complices Irina Krivova, Maxime Gediliaguine et Igor Chpynov – co-fondateurs de l'Union des russophones de France.


Dimitri de Kochko, Falavigna
Bien sûr, je n'oublie ni le cercle Kondratieff, ni l'Union des associations France-Russie-CEI, ni Solidarité enfants de Beslan avec Henri Paul Falavigna et la marraine, Irina Gueorguievna Commeau et sa gazette.

Ni bien sûr, le dernier né : le forum des Russes de France et le Conseil de Coordination, qui m'a fait l'honneur de m'élire Président d'honneur après cinq ans de présidence tout cours. Nous avons pu aboutir à des réalisations à partir de pas grand-chose, grâce à l'implication de ceux qui ont été élus avec moi dans les Conseils successifs. On continuera avec Michel Grabar.

J'oublie des amis, des gens qui ont oeuvré aussi. Mais je ne veux pas oublier de remercier de leur patience devant mon activisme d'amitié franco-russe et vis-à-vis de certains amis russes, ma femme Isabelle et mes enfants Lara et Nicolas. Ils méritent une bonne partie de cette distinction.

Malheureusement, on ne peut éviter d'évoquer aujourd'hui le prix de l'amitié. Pour eux, les Russes, cibles de messages de haine aussi constants qu'immérités dans notre presse, mais aussi pour nous Français et pour l'Europe, qui aujourd'hui a prolongé des sanctions contre la Russie, malgré le vote de notre Parlement et du Sénat. Contre notre intérêt. Mais pas forcèment contre celui des Russes qui se voient contraints de produire eux-mêmes, ce qu'ils auraient dû faire depuis longtemps. Maigre consolation. Le message de haine qui nous vient d'ailleurs et qui jusqu'à présent ne touchait que certaines couches sociales des grandes villes, finit par pénétrer une population plus large.

Pour preuve :
- Le prix de l'Eurovision où les commentaires sur la chaîne d’État française a émis des considérations aux relents racistes incroyables contre le concurrent russe qui «sentait le gaz» (pourtant il a chanté en anglais pour plaire!) et qu'il ne fallait surtout pas laisser gagner. La consigne passée au jury avait été entendue, malgré le vote du public. Et la speakerine de se réjouir que Lazarev, le chanteur, «irait au Goulag». Imagine-t-on des tirades pareilles contre n'importe quelle autre nationalité ou religion ou ethnie en France qui se targue de ses lois anti-racistes ?
- C'est la responsabilité collective imputée aux athlètes russes pour le doping de certains : c'est comme si on interdisait à tout cycliste américain de participer au Tour de France parceque Lance Armstrong s'est dopé.
- C'est aussi les supporters russes, dont je ne me risquerais pas à comparer le Q.I avec celui de leurs homologues d'autres pays, qui sont accusés de tous les maux alors que les dégats les plus importants à Marseille n'ont pas été commis par eux et que leurs alter ego britanniques avaient sifflé l'hymne russe et s'essuyaient ostensiblement les pieds sur le drapeau… On a oublié les réactions quand la Marseillaise avait été sifflée dans un stade ? Les commentaires ont cependant perdu toute mesure à l'égard des Russes…


ceremonie decoration Dimitri de Kochko.jpg
Et pourtant, ce ne sont pas des Russes qui massacrent au Bataclan, qui tuent un couple de policiers ou coupent la tête d'un chef d'entreprise, comme ceux qui le font en Syrie, où justement les Russes interviennent contre ceux qui tuent chez nous. Notre ancien chef à tous, jusqu'en mai dernier, le général Philip Breedlove, chef d’État-major Europe de l'OTAN, nous martelait que l'ennemi c'est le Russe. Ne nous trompons nous pas d'ennemi ?

Tout cela a un effet boomerang pour nous. La déontologie de mon métier de journaliste, que j'ai fait par vocation et dont j'arrive parfois à avoir honte aujourd'hui, est mise en miettes. La morale est soumise à des jugements à géométrie variable, les affaires, pourtant profitables à tous – demandez donc à Auchan, Leroy Merlin, Total ou à nos paysans ce qu'ils en pensent -, souffrent à l'heure où le chômage nous frappe et où la complémentarité entre l'ouest et l'est de l'Europe est évidente et nécessaire.

Mais surtout, le message de haine prépare les gens à une nouvelle guerre inter-européenne. Et ça, on a déjà donné. Et on a payé cher. Les Russes plus encore.
Alors oui, l'amitié au-delà des mots est nécessaire. Elle est indispensable si nous voulons rester nous-mêmes dans le monde.

Merci
Dimitri de Kochko 21 juin 2016

 

 

 

Commentaires

  • la Grande-Bretagne a décidé de quitter l'Union européenne. cet événement va certainement permettre de faire évoluer la situation dans un sens plus favorable à l'amitié entre la Russie et la France.

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